146                       Les Spectacles de la Foire.
B IDEL, directeur d'une comédie bourgeoise en 1762. Les théâtres bourgeois étaient assez nombreux à la fin du xviii0 siècle, à Paris ; c'étaient des espèces d'écoles où se for­maient les jeunes gens qui voulaient devenir acteurs de profession. Beaucoup de comédiens d'Audinot et de Nicolet avaient d'abord joué, comme on disait, en bourgeoisie. Il ne faut pas confondre les comédies bourgeoises avec les théâtres de société où les rôles étaient remplis par des gens du_ monde.
L'an 1762, le 31 août, onze heures du matin, en notre hôtel et par-devant nous, François Merlin, etc., eft comparue demoifelle Françoife-Sébaftienne Pichot, femme non commune en biens de M- François Poitevin de Bour-jolly, procureur au Châtelet de Paris, y demeurant, rue des Déchargeurs, paroiue St-Germain-PAuxerrois : Laquelle nous a rendu plainte contre un particulier qu'elle a appris fe nommer Bidel, chef d'une troupe de comé­diens, et encore contre M- Bertin, procureur au Parlement, comme garant des faits dudit Bidel, fon locataire, et dit que vers Ie mois d'avril ou mai dernier, ledit Bidel s'eft inflallé dans un appartement au premier étage d'un corps de logis de la maifon où demeure la plaignante et dont la porte fait face à celle de l'appartement de la plaignante; que des les commencemens que ledit Bidel a occupé ledit appartement il y a donné quelques repréfenta-tions de comédies au fujet defquelles la plaignante s'étoit propofée de fe pourvoir, ce qu'elle n'a pas fait parce que ledit Bidel a difeontinué de faire de pareilles repréfentations. Mais ledit Bidel ayant recommencé le jour d'hier de repréfenter la comédie dans ledit appartement, elle fe voit forcée de fe pourvoir pour faire arrêter le cours defdites repréfentations qui occafîonnent un fcandale dans Ia maifon où demeure la plaignante, la compromettent ainfi que les perfonnes de fa maifon et celles qui peuvent y avoir affaire, cn ce qu'il n'eft pas décent que l'on donne la comédie dans une maifon hon­nête, en ce que les acteurs et actrices qui vont et viennent perpétuellement dans les cours et fur l'efcalier en habits de théâtre, les femmes décolletées et quelquefois non habillées; en ce que ces repréfentations attirent un concours confidérable ' de jeunes gens et autres de toute efpèce qui font tumulte fur l'efcalier et empêchent le paffage libre à la plaignante et aux perfonnes de fa maifon, qui fe trouvent expofées à endurer des propos indecens et injurieux dè" la part de là multitude de gens qui reftent fur l'efcalier ne pouvant entrer dans la falle du fpectacle lorfque les places font remplies ; que le jour d'hier . une ouvrière, qui travaille en couture pour la plaignante, étant fortie pour aller acheter du fil et autres chofes dont elle avoit befoin pour fon ouvrage, a été infultée en defeendant l'efcalier par la foule des gens qui étoient attrou­pés au-devant de la porte de la falle du fpectacle, et lorfqu'ellc a été dc